L’internationalisme de Macron et la nouvelle politique

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La visite du président français Emmanuel Macron aux États-Unis récemment était une étude contrastée. En dépit de la dynamique amicale, l’agenda et la rhétorique de Macron étaient presque diamétralement opposés à ceux du président américain Donald Trump. Mais le leadership de Macron est soumis à un défi encore plus fondamental. La façon dont il la gère pourrait ouvrir la voie à une politique libérale démocratique.

La vision de Macron

S’adressant au Congrès américain en anglais, Macron a exprimé une vision du monde résolument internationaliste, appelant à des institutions internationales plus fortes, à un engagement renouvelé envers le système de commerce international fondé sur des règles et à une mondialisation généralisée. En ce qui concerne l’Iran, il a réitéré la nécessité de préserver l’accord nucléaire de 2015, dont Trump vient de se retirer, bien qu’il ait appelé à des accords complémentaires sur des sujets non traités dans l’accord actuel. Macron a également indiqué qu’il poursuivra une campagne paneuropéenne pour l’élection du Parlement européen en 2019. En tant que démocrate, il estime que l’approfondissement de l’Union européenne doit aller de pair avec le développement d’un véritable espace politique européen. À l’heure où le déclin du libéralisme, l’avenir de la démocratie sociale, la montée du nationalisme et les réactions négatives à la mondialisation suscitent beaucoup d’efforts, la position internationaliste sans réserve de Macron est remarquable. En fait, Macron a fait un saut dans l’inconnu de la nouvelle politique occidentale, un terrain qui n’est plus entièrement défini par la concurrence entre les grands partis de centre-droit et de centre-gauche. Mais la politique tourne-t-elle vraiment la page sur le clivage traditionnel gauche-droite ? Il serait faux de décrire Macron, qui a servi de ministre dans le gouvernement socialiste de son prédécesseur François Hollande, simplement en tant que centriste. Bien qu’il ait déménagé vers le centre, il n’a pas rejoint l’un des petits partis centristes traditionnels, mais a plutôt créé son propre « mouvement ».

En Marche

Macron a décrit très tôt ce mouvement, qu’il a appelé En Marche !, « ni à droite ni à gauche », évitant le terme centriste. Maintenant, il dit que c’est à la fois à droite et à gauche, signalant son désir de conquérir les électeurs traditionnels de centre-gauche et de centre-droit. Si le clivage traditionnel gauche-droite s’estompe, la question est de savoir ce qui le remplacera. Avec la mondialisation au centre du débat politique dans la plupart des pays, il peut sembler que la réponse soit une division entre les forces cosmopolites et les forces paroissiales. Selon cette interprétation, Macron est à la tête du mouvement pro-mondialisation de la France, et ceux qui l’opposent, à droite ou à gauche, sont liés par une opposition commune à l’ouverture économique. Et, en effet, l’extrême droite et l’extrême gauche adoptent des messages économiques similaires. En attendant, les partis politiques de centre-gauche et de centre-droit existants, en France et dans tout l’Occident, ont tendance à se composer de factions à vocation internationale et de ceux qui se méfient davantage de la mondialisation.

septembre 11, 2018